Libye: de l’offensive de Khalifa Haftar sur Tripoli au cessez-le-feu, 07 faits importants du conflit

Cessez-le-feu immédiat en Libye

De l’offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar en avril 2019 sur la capitale Tripoli au cessez-le-feu signé vendredi à Genève par les parties en conflit, les étapes clés de la crise qui secoue la Libye.

Les combats ont fait des centaines de morts et poussé à la fuite des dizaines de milliers de personnes. Depuis 2015, le pays est déchiré entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et les autorités de l’Est alliées du maréchal Haftar.

Haftar ordonne l’assaut

Le 4 avril 2019, Khalifa Haftar ordonne à ses forces d' »avancer » sur Tripoli, après l’annonce par son autoproclamée « Armée nationale libyenne » (ANL) d’une offensive pour « purger » l’Ouest libyen « des terroristes ». Cette montée des tensions intervient quelques jours avant une « conférence nationale » longuement préparée par l’ONU pour établir une feuille de route politique.

« Contre-offensive »

Le 7, le GNA annonce une « contre-offensive » contre les pro-Haftar. A la mi-avril, le président américain Donald Trump s’entretient avec le maréchal Haftar d’une « vision commune » pour la Libye. Le 26 juin, le GNA s’empare de Gharyan, principale base arrière des troupes de Haftar, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli.

Ingérences

Début novembre, The New York Times fait état du déploiement en Libye de mercenaires russes. Moscou, soupçonné de soutenir M. Haftar, dément. Le 27, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le chef du GNA Fayez al-Sarraj signent un accord de « coopération militaire et sécuritaire ».

En décembre, un rapport de l’ONU épingle plusieurs sociétés et pays accusés d’avoir violé l’embargo décrété en 2011 en livrant armes ou combattants aux deux camps. La Turquie est citée, ainsi que la Jordanie et les Emirats arabes unis, deux soutiens de Haftar. Le 5 janvier 2020, le président Erdogan annonce le déploiement de soldats turcs en Libye.

Mercenaires

A l’initiative d’Ankara et de Moscou, une trêve entre en vigueur le 12 janvier après des mois de combats aux portes de Tripoli. Le maréchal Haftar refuse de signer l’accord formel de cessez-le-feu paraphé par son rival. Le 19, les principaux pays concernés par le conflit promettent de respecter l’embargo sur les armes et de ne plus interférer dans les affaires intérieures libyennes, à l’issue d’un sommet à Berlin.

Début mai, un rapport d’experts de l’ONU confirme la présence de mercenaires du groupe Wagner, réputé proche du président russe Vladimir Poutine, et révèle celle de combattants syriens venus soutenir Haftar. La présence de combattants syriens supplétifs d’Ankara pour soutenir le GNA avait, elle, été confirmée en février par la Turquie. Depuis, des centaines de mercenaires russes ont été évacués du front de Tripoli.

Défaite cinglante pour Haftar

Le 18 mai, les forces pro-GNA reprennent la base aérienne d’Al-Watiya, puis s’emparent de trois camps militaires au sud de Tripoli, nouveaux revers pour les pro-Haftar, après la perte mi-avril de villes côtières de l’Ouest.

Début juin, elles annoncent la prise de l’aéroport international de Tripoli, hors service depuis 2014, puis le contrôle total des frontières administratives du Grand Tripoli. Le 5, le GNA dit avoir pris le contrôle de l’ouest du pays. Dès le lendemain, les forces gouvernementales lancent une opération pour reprendre Syrte, verrou stratégique entre l’Est et l’Ouest.

Le Caire menace d’intervenir

Le 11, l’ONU se dit « horrifiée » par des informations sur la découverte de charniers dans la région de Tarhouna, localité située au sud de Tripoli et loyale aux pro-Haftar. Le 20, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi prévient que toute avancée du GNA vers Syrte pourrait mener à une intervention « directe » du Caire.

Cessez-le-feu avec « effet immédiat »

Le 21 août, les deux autorités rivales annoncent séparément l’organisation prochaine d’élections et la cessation des combats. Le 6 octobre, des représentants parlementaires des deux camps rivaux annoncent avoir trouvé un « consensus » sur des « accords globaux » en vue de la réunification des institutions régaliennes de leur pays, au terme d’un 2e round de pourparlers au Maroc.

Le 21, les parties en conflit conviennent de rouvrir les principales voies terrestres et les liaisons aériennes internes et d’accroître la production de pétrole. Le 23, elles signent un « cessez-le-feu permanent dans toute la Libye » avec « effet immédiat », après cinq jours de discussions à Genève sous l’égide de l’ONU. Mais le président Erdogan met en doute la viabilité du cessez-le-feu.