« Il y a une vraie anarchie religieuse musulmane en France », le grand imam Tareq Oubrou

Tareq Oubrou, l'imam de la grande mosquée de Bordeaux

Moins d’une semaine après l’assassinat de Samuel Paty, l’imam de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, a dénoncé sur franceinfo «une vraie anarchie religieuse musulmane en France».

En pleine vague d’hommages au professeur Samuel Paty, la France continue de durcir le ton contre l’islamisme et la haine sur les réseaux sociaux, quelques jours après l’attentat, dont les enquêteurs tentent toujours de préciser les circonstances. Sur franceinfo, Tareq Oubrou, essayiste et imam français, connu pour ses prises de position publiques en faveur d’un islam libéral, dénonce un « acte inqualifiable perpétré au nom d’une religion qui n’a rien à voir avec ».

« Le vrai problème dans le monde musulman et particulièrement en Occident et tout particulièrement en France, c’est que nous n’avons pas un corpus doctrinal qui permet, théologiquement parlant, d’avoir un islam théologiquement adaptable au contexte occidental», estime l’imam de la grande mosquée de Bordeaux sur franceinfo. Regrettant la présence «sur le territoire français des paroles, des activités, des actions, des appels à la haine sans les punir», Tareq Oubrou ajoute qu’«il y a une vraie anarchie religieuse musulmane en France qu’il faudrait encadrer».

« Nous avons interdit la dissimulation du visage dans l’espace public mais pas dans l’espace virtuel qui est devenu un espace public. Il faut lever l’anonymat pour poursuivre les gens qui diffusent ce type de haine et d’idées mortifères», expose Tareq Oubrou, à propos de la levée de l’anonymat sur les canaux virtuels.

« C’est devenu insupportable »

Dans une première interview au média Français, Tareq Oubrou avait dénoncé un « acte inqualifiable ». « Je suis abattu parce que c’est un acte inqualifiable qui est perpétré au nom d’une religion qui n’a rien à voir avec un acte ignoble », a réagi vendredi 16 octobre sur franceinfo Tareq Oubrou, l’imam de la grande mosquée de Bordeaux.

Est-ce que « le prophète, lui, serait content de cet acte ? », s’interroge l’imam bordelais, « ça n’honore pas la religion ni Mahomet. » Tareq Oubrou se dit « doublement affecté, en tant que citoyen, en tant que musulman. Il n’y a aucune guerre des civilisations. Il y a des actes qui n’incombent qu’aux hommes qui les ont perpétrés. » « Toucher la République, c’est toucher à la société, c’est toucher à la paix, c’est toucher à la religion en tant que telle, parce que la religion, de par son essence, est la transcendance et l’altérité », souligne Tareq Oubrou.