Afrique du Sud: violences interraciales après une remise de diplômes uniquement « réservée aux Blancs »

Afrique du Sud : des violences interraciales éclatent suite à un nouvel épisode de racisme scolaire au Cap

En Afrique du Sud, un gang blanc s’est affronté avec des manifestants noirs et à la police anti-émeute devant une école à l’occasion d’une cérémonie de remise de diplômes uniquement « réservée aux Blancs ». Le président Cyril Ramaphosa a appelé à la retenue suite aux affrontements lors de la manifestation antiraciste qui a suivi l’événement.

Des affrontements ont opposé le lundi 9 novembre 2020 deux groupes de Blancs et de Noirs au Cap, Capitale de l’Afrique du Sud. Ces affrontements ont eu lieu suite à un nouvel épisode de racisme scolaire dans cette ville du sud-ouest du pays.

En effet, des manifestants du parti Economic Freedom Fighters (EFF) ont été pris à partie par des parents d’élèves blancs ce mardi devant le Lycée Brackenfell. L’établissement est soupçonné d’avoir empêché des élèves noirs d’assister à une cérémonie de remise de diplôme, déclenchant ainsi des protestations.

Selon les premières informations obtenues, les violences ont éclaté entre des parents d’élèves blancs et des membres du parti d’opposition de gauche, Economic Freedom Fighters. Ceux-ci protestaient devant le Lycée Brackenfell suite à des allégations selon lesquelles seuls des élèves blancs auraient été autorisés à assister à une cérémonie de remise de diplôme organisée il y a quelques jours au sein de l’établissement.

L’école déclare ne pas être impliquée

Le groupe d’extrême gauche EFF – qui se plaint depuis longtemps de ce qu’il considère comme la domination continue de l’économie sud-africaine par les blancs – manifestait pour la deuxième fois devant le lycée Brackenfell. Le journal Cape Argus a déclaré que les parents, les résidents et les agents de sécurité se sont rassemblés devant l’école après avoir appris la manifestation de l’EFF lundi.

Les manifestants ont exigé le licenciement de deux enseignants et du directeur après que les enseignants se sont rendus à une manifestation privée à laquelle seuls des élèves blancs et leurs parents auraient assisté, selon IOL News, un journal sud-africain. Les élèves noirs n’avaient pas été informés de l’événement – et n’avaient pas non plus été invités.

Un habitant de Brackenfell, Dante van Wyk, a qualifié la manifestation d’« absolument irrespectueuse ». Il s’est présenté au rassemblement « pour protéger l’école – c’est pourquoi nous sommes ici ». « L’EFF ne viendra pas à Brackenfell pour perturber le pays », a-t-il ajouté.

Neil de Beer, leader du Mouvement indépendant uni (UIM), qui s’est également présenté pour soutenir les parents, a déclaré : « Les habitants de Brackenfell, tels que je les connais, ne sont pas racistes ». « Ce n’est pas une question raciale. C’est une question de droits des enfants à être en paix ».

Le lycée de Brackenfell s’est distancé de cette fonction, ajoute l’IOL. Et, le département de l’éducation du Cap-Occidental a déclaré qu’il ne pouvait pas prendre de mesures contre quiconque parce qu’il s’agissait d’une fête privée. Cependant, il enquête sur l’école car aucun enseignant noir n’y aurait été employé depuis 1994, dit l’IOL.

Appel à la retenue du président Cyril Ramaphosa

Mardi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé à la retenue suite à ces affrontements lors de la manifestation antiraciste. Il a condamné les affrontements et a souligné que toute personne avait le droit d’organiser des manifestations légales dans le pays.

« Chaque Sud-Africain a le droit de manifester pacifiquement et toute action visant à supprimer le droit à la liberté d’expression, notamment par la violence et l’intimidation, doit être fermement condamnée », a déclaré M. Ramaphosa. Il a également demandé une enquête sur les allégations de racisme à l’école.

Alan Winde, premier ministre de la province sud-africaine du Cap-Occidental où l’incident a eu lieu, a également appelé au calme et à la discussion plutôt qu’à la violence. « N’ayez pas recours à la violence », a déclaré Winde, ajoutant : « J’appelle les citoyens à être calmes et à traiter ces questions de manière responsable ».