Bénin: la CBDH relève des arrestations arbitraires lors des violences électorales de 2019
Dans son rapport, transmis au Président Patrice Talon le 6 octobre 2020, la Commission Béninoise des Droits de l’Homme (CBDH) relève des arrestations arbitraires opérées lors des violences électorales de 2019. A titre illustratif, la Commission évoque le cas de quatre personnes, pour lesquelles elle a eu à intervenir.
Au nombre des personnes interpellées dans le cadre des violences électorales de 2019, notamment les manifestations des 1er et 02 mai, à Cadjèhoun, certains ont été arbitrairement arrêtés. C’est le constat fait par la CBDH dans son rapport, au titre du droit à la liberté de circuler. « En effet, La Commission a reçu et traité plusieurs plaintes relatives à des arrestations de personnes qui n’étaient nullement impliquées dans les violences enregistrées », lit-on à la page 24 du rapport.
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Pour illustrer son constat, la CBDH a évoqué le cas de quatre jeunes arrêtés dans le cadre desdites violences, alors qu’ils n’y auraient pas participé. L’un d’entre eux a été arrêté alors qu’il était allé chercher des produits pharmaceutiques pour sa femme, en instance d’accouchement. Malheureusement, c’est derrière les barreaux qu’il a vu pour la première fois la photo de son bébé.
Les trois cas présentés dans le rapport de la CBDH
1er cas :
Dans une plainte reçue au Secrétariat provisoire de La Commission le 7 mai
2019, deux jeunes qui revenaient d’un vidéo club où ils sont allés suivre, le 1er mai 2019, le match de football entre le Barca FC et Liverpool FC, ont été arrêtés à hauteur du carrefour Cica Toyota (Cotonou) aux environs de vingt-deux (22) heures par les Forces de Défense et de Sécurité. Ces dernières ont indiqué aux jeunes qu’ils allaient leur assurer la sécurité parce qu’il y avait une manifestation plus loin. Curieusement, ils ont été déposés dans un premier temps au camp militaire Ghézo de Cotonou puis transférés à la brigade criminelle à Agblangandan (Sèmè-Kpodji).
Présentés au Procureur de la République du tribunal de première Instance de 1ère classe de Cotonou, ils ont été inculpés d’attroupement non armé pouvant inciter la population à la violence et déposés à la Prison civile de Cotonou.
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2è cas :
C’est le cas d’un autre jeune également arrêté la même nuit du 1er mai 2019
devant la pharmacie de l’Amitié (Cotonou) alors qu’il venait d’acheter des 25 produits pharmaceutiques à son épouse en couches dans une clinique de la place. Déposé dans un premier temps avec les produits pharmaceutiques au camp militaire Ghézo, il a été également transféré à la brigade criminelle à Agblangandan.
Présenté au Procureur de la République du tribunal de première Instance de 1ère classe de Cotonou, il a été inculpé d’attroupement non armé pouvant inciter la population à la violence et déposé à la Prison civile de Cotonou. Son bébé a pu naître au petit matin du 2 mai 2019 à 2h 35 et c’est grâce aux actions de la Commission, dans le cadre de l’instruction du dossier que ce jeune a pu découvrir pour la première fois, en prison, la photo de son premier enfant.
3è cas :
À ces deux cas, on peut ajouter celui d’une autre personne qui a été arrêtée par des agents qui seraient de la DSLD (Agents de renseignement) alors qu’il avait été invité par son beau-frère dans une buvette dénommée « Septième jour » à Abomey-Calavi. Il a été arrêté dans la buvette et transféré à la brigade criminelle à Agblangandan.
Présenté au Procureur de la République du tribunal de première Instance de 1ère classe de Cotonou, il a été également inculpé d’attroupement non armé pouvant inciter la population à la violence et déposé à la Prison civile de Cotonou.
Quid de l’assistance de la CBDH ?
Après avoir été informés des cas de ces jeunes, la CBDH a entrepris des démarches pour leur libération. Mais avant ça, elle a procédé au traitement et à la vérification des différentes informations reçues. C’est après cette étape que les cas ont été soumis au « parquet du tribunal de première Instance de 1ère classe de Cotonou avec les pièces justifiant la situation des personnes indiquées ».
Au terme de l’assistance apportée par La Commission, ces quatre (04) personnes citées plus haut ont bénéficié d’une liberté provisoire, le mardi 28 mai 2019 et ont pu rejoindre leur famille respective.
Rapport 2019, CBDH
En dehors de ces cas, la Commission a découvert plusieurs d’autres cas de détentions arbitraires ors des visites effectuées à la prison civile de Porto-Novo. « Il convient de relever que la plupart des cas des violations observées et portées à l’attention du Parquet du Tribunal de 1ère instance de 1ère classe de Cotonou par La Commission ont cessé, grâce aux interventions des autorités compétentes », précise le rapport.
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Par ailleurs, la CBDH avait également signalé des « cas d’atteinte au droit de circuler des citoyens par d’autres au cours des manifestations publiques qui bloquent les routes par l’occupation anarchique des voies publiques empêchant ainsi la circulation ».
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