Le GNA accepte de livrer Kadhafi à la CPI, une « humiliation envers le peuple libyen »

Le ministre libyen de la justice, Ahmed al-Jehani, a tenu une réunion mardi avec le procureur en chef de la Cour pénale Internationale sur le dossier du fils de Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam. Le représentant de la Libye a accepté remettre Kadhafi junior à la CPI et s’est attiré les foudres des libyens.

Saif al-Islam Kadhafi est recherché par la CPI pour avoir prétendument tenté de réprimer la révolution qui a renversé son père en 2011. Un mandat d’arrêt de l’instance judiciaire internationale avait été lancé contre lui et certains anciens hauts responsables libyens. Jehani a annoncé devant le tribunal l’approbation du gouvernement de Tripoli (GNA) visant à remettre le fils de Kadhafi à la CPI pour qu’il soit jugé pour «crimes de guerre», rapporte Asharq Al Awsat. Chef politique du front national de lutte libyen (LNSF) Ahmed Kadhaf al-Dam a indiqué que le feu vert du représentant de la Libye constituait une « trahison » tout comme l’appel de certains libyen à l’intervention de l’Otan, dont le pays souffre toujours, indique Asharq Al Awsat.

Selon le Middle East monitor (MEMO), remettre un citoyen libyen à un tribunal étranger est illégal. L’article 493 du code de procédure pénale libyen n’autorise pas l’extradition d’un citoyen devant un tribunal étranger que si cela se fait dans le cadre d’accords bilatéraux entre la Libye et le pays concerné ou si des arrangements spéciaux ont été convenus.

Condamnation et amnistie

En juillet 2015, un tribunal de Tripoli a condamné Saif al-Islam à la peine de mort pour son rôle dans la répression du soulèvement libyen qui a renversé le régime de son père. Il fait face aux mêmes accusations de la part de la CPI. Quelques mois plus tard, le parlement, basé à Tobrouk, a adopté la loi n ° 6 – loi d’amnistie générale – qui accordait l’amnistie à une multitude de crimes à certaines conditions. Apparemment, cela concernait Kadhafi et en juin 2017, il avait été libéré de la prison de Zintan, dans l’ouest de la Libye, où il avait passé six ans depuis sa capture en novembre 2011, indique MEMO.

Ce que les représentants de la GNA ont déclaré lors de l’audience tenue à La Haye mardi a été interprété par de nombreux Libyens comme à la fois une vente à outrance et une insulte à la justice de leur pays. Khalid Al-Zayedi est l’avocat libyen de la défense de Kadhafi; il m’a dit pourquoi le GNA avait accepté de livrer son client à la CPI. « Ils vendent tout ce qui reste de la souveraineté libyenne », a-t-il expliqué. « Le GNA joue un jeu de vengeance contre mon client. »

Réplique

Lamloum a répondu à l’équipe de défense de Kadhafi en déclarant que même si certains des crimes imputés à Saif al-Islam étaient couverts par la loi d’amnistie, les conditions pour lui accorder une amnistie n’étaient pas réunies, rapporte Asharq Al Awsat. Il a ajouté que la loi stipulait un engagement écrit de présenter des excuses, une réconciliation avec la victime et le pardon des proches des victimes, ce que Saif al-Islam n’aurait pas obtenu. Les partis fidèles à Kadhafi ont rejeté l’approbation du représentant, qualifiant celle-ci d ‘« humiliation envers le peuple libyen ».