Sénégal – Macky Sall et l’opposition: le coup de grâce du pouvoir?

Le Sénégal pourrait bientôt être orphelin de l’opposition. L’étau judiciaire se resserre autour de l’unique espoir et principale figure de l’opposition, Ousmane Sonko. Accusé de viol et de menace de mort, le parlementaire est en passe de se retrouver derrière les barreaux.

Devant ses ambitions politiques, Macky Sall n’a jamais montré de signes de faiblesse. « L’homme qui s’est tiré des griffes de son prédécesseur Abdoulaye Wade sans une seule égratignure, ne lâche sa proie qu’une fois refroidie”. Cette année, il a fait le vœu d’anéantir complètement l’opposition : « Nous allons réduire l’opposition à sa simple expression », avait-il souhaité.

A lire aussi: Sénégal – Procédure pour la levée de l’immunité d’Ousmane Sonko: le bureau du Parlement a tranché

Mais de quelle opposition s’agit-il ? Il faut dire que Macky Sall a déjà réalisé à moitié son vœu qui consiste à neutraliser l’opposition, en utilisant une double stratégie : « La récupération politique et des manœuvres politico-judiciaires, aux fins de la liquidation des leaders de l’opposition« . En effet, pour son dernier remaniement ministériel, le chef de l’Etat a fait d’une pierre deux coups. Il a su attirer dans sa barque, Oumar Sarr, 2e figure du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, président du parti Rewmi arrivé 2e à la dernière élection présidentielle.

Khalifa Sall et Karim Wade neutralisés

Autrefois figures de l’opposition, les plus citées pour ravir la vedette à Macky Sall, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, Karim Wade et l’ex-député et ancien maire de Dakar Khalifa Sall, ne font plus le poids; les deux étant complètement neutralisés et privés de leurs droits civiques avec l’appui d’une justice, semble-t-il, instrumentalisée.

A lire aussi: Sénégal: accusé de viol, l’opposition fait bloc solidaire derière Ousmane Sonko

Karim Wade a été condamné en 2015 à six années de prison pour « enrichissement illicite » et Khalifa Sall à cinq ans de prison pour « escroquerie portant sur les deniers publics« . Khalifa Sall et Karim Wade écartés, Oumar Sarr et Idrissa Seck dans la barque du gouvernement, Abdoulaye Wade rattrapé par la force de l’âge, Ousmane Sonko apparaît donc comme l’espoir de l’opposition; mais surtout, la cible prioritaire de Macky Sall.

Le Sénégal bientôt sans opposition ?

Aujourd’hui, Ousmane Sonko est incontestablement la principale figure de l’opposition au Sénégal. Mais, ce n’est plus un secret que l’étau judiciaire se resserre autour du député et leader de Pastef Les Patriotes. Secoué par de nombreuses affaires dont il en est sorti indemne, Ousmane Sonko est à nouveau dans de beaux draps.

A lire aussi: Sénégal: l’armée dit avoir pris trois bases de rebelles en Casamance

L’inspecteur des impôts est accusé de viol et de menace de mort par A. Sarr (20 ans), une professionnelle d’un salon de beauté dakarois. Des accusations que le député a cependant réfuté, dénonçant un complot ourdi par Macky Sall pour l’éloigner de la présidentielle de 2024. Même si la procédure pour la levée de son immunité parlementaire prendra encore quelques jours, il faut dire que la finalité semble être inquiétante. Ousmane Sonko pourrait se retrouver derrière les barreaux, synonyme de l’achèvement de l’opposition sénégalaise. Ce qui restera de l’opposition n’aura ni poids ni résistance encore moins de leader, à seulement un peu plus de 3 ans du prochain scrutin présidentiel.