RDC: Tshisekedi gagne son bras de fer contre Kabila autour de la Cour constitutionnelle
Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a revendiqué mercredi la victoire dans sa bataille politique autour de la très stratégique Cour constitutionnelle, face à la majorité parlementaire fidèle à son prédécesseur Joseph Kabila avec qui il gouverne en coalition.
Passant outre aux protestations du camp pro-Kabila, le chef de l’Etat a écouté la prestation de serment des trois nouveaux membres de la Cour constitutionnelle qu’il a nommés par ordonnance en juillet. La cérémonie s’est déroulée au siège du Parlement, en l’absence des présidents de l’Assemblée et du Sénat, Jeanine Mabunda et Alexis Thambwe Mwamba, qui avaient annoncé leur décision de boycotter la cérémonie la veille dans une lettre au chef de l’Etat.
Le Premier ministre Sylvestre Ilunga était également absent, de même que les nombreux ministres et parlementaires fidèles à l’ancien président Kabila (majoritaires au gouvernement et au Parlement). Ces élus pro-Kabila appartiennent au Front commun pour le Congo (FCC), qui dénonce « l’inconstitutionnalité » des ordonnances présidentielles de juillet, entre autres parce qu’elles n’ont pas été contre-signées par le Premier ministre.
Mardi soir dans un communiqué, le FCC avait même lancé un appel à la « population » contre « toute tentative de passage en force ». Aucun trouble redouté n’a été observé aux abords du Parlement, a constaté un photographe de l’AFP. A l’intérieur du « palais du peuple » en revanche, l’ambiance était survoltée et euphorique à l’arrivée du président Tshisekedi.
« V » de la victoire
Sous les caméras de la chaîne d’Etat RTNC, le président a traversé la salle des séances en faisant ostensiblement le signe « V » de la victoire avec deux doigts de la main droite. De quoi galvaniser ses dizaines de partisans qui avaient investi le cadre solennel de la salle des plénière de l’Assemblée nationale. Après l’hymne national, ils ont chanté à tue-tête l’hymne de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel fondé en 1982 dans l’opposition par le père de M. Tshisekedi.
Côté politique, seuls les ministres et parlementaires pro-Tshisekedi ont assisté à la cérémonie, ainsi que des responsables des confessions religieuses et quelques diplomates, dont l’ambassadeur des États-Unis Mike Hammer.
La Cour constitutionnelle a le pouvoir de valider ou invalider les candidatures à la prochaine élection présidentielle prévue fin 2023. Elle peut également valider ou invalider les résultats de l’élection présidentielle proclamés par la Commission électorale, si elle est saisie.
Kabila vs Tshisekedi
Investi le 24 janvier 2019, M. Tshisekedi a vraiment pris le pouvoir ce mercredi, a analysé une source diplomatique. Des voix se sont élevées pour défendre l’indépendance de la Cour constitutionnelle.
« La Commission électorale et la Cour constitutionnelle doivent être réellement indépendantes et libérées de l’emprise de quelque faction politique que ce soit », a déclaré l’opposant Martin Fayulu, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle de 2018.
« Remplacer des juges aux ordres d’un Kabila par des juges aux ordres d’un Tshisekedi, ce n’est pas faire progresser l’État de droit », a réagi le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) sur Twitter.
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