Bénin: le Bloc républicain dans une dynamique de l’après Patrice Talon?
Le Bloc républicain, deuxième parti soutenant les actions du chef de l’Etat, est-il déjà dans les starting-blocks pour la présidentielle de 2021? C’est la question qui taraude les esprits de plus d’un depuis que certains caciques et incontournables membres de ce parti dégainent de façon à peine voilée sur le régime en place. Nassirou Arifari-Bako, député dudit parti, au cours d’un séminaire sur les enjeux de la huitième législature, a mis les pieds dans le plat.
Il y a quelques semaines, c’est le doyen de l’Assemblée nationale, Wallis Zoumarou, qui s’est permis des observations sur l’exclusion des partis de l’opposition des élections législatives d’avril 2019. Il a dit sans ambiguïté qu’il n’est pas d’accord qu’un parti comme Force cauris pour un Bénin émergent ne soit pas représenté au parlement. « Je veux une compétition saine et loyale. C’est ce que j’ai toujours dit. Il faut faire en sorte que l’expression du peuple soit claire et que le pouvoir ne dit pas bon ben, je suis bien, je suis en position et il faut coincer les gens. Non ! Il faut jouer la carte sur table. C’est ce que moi je veux… », avait-il déclaré sans ambages le 25 août sur les antennes de Radio Tokpa.
Quelques jour plus tard, Rachidi Gbadamassi, un autre membre influent du Bloc républicain, aurait déclaré depuis l’Hémicycle son plusieurs médias qu’il ne vote des lois que par solidarité et non par conviction. On en était là quand l’ancien ministre des affaires étrangères de Boni Yayi, l’ancien président de la commission politique de supervision de la Lépi, Nassirou Arifari-Bako, n’est pas allé par quatre chemin, au cours de sa communication pour mettre le doigt sur la plaie. Dans ses propos rapportés par Fraternité, le député exprime, on ne peut plus clairement, un regret quant au parlement monotone. » L’élection peut revêtir toute la légalité conformément au code électoral, mais dans un contexte de très faible taux de participation, elle risque de ne plus apparaître comme un moyen efficace de détermination de la volonté populaire dans le processus de désignation des représentants du peuple. Il s’agit d’une pathologie politique, une anomie conjoncturelle qui peut biaiser si ce n’est discréditer le statut des représentants du peuple », a-t-il déclaré.
Un parlement peu représentatif…
Le député du Bloc républicain, certainement dans sa peau de sociologue-anthropologue, n’a pas hésité à cracher sur ce que d’aucun cajole. « Les résultats sont mitigés et la montagne semble avoir accouché d’une souris : problème de conformité des partis avec la charte des partis politiques, code électoral contesté, protestation/indifférence de la population qui a sanctionné le processus par un abstentionnisme record », disait-il lorsqu’il abordait le monolithisme de la huitième législature. Même s’il soutient que cela a évité un vide juridique, il se demande « comment en est-on arrivé à un tel scénario de représentation parlementaire monodirectionnelle ? ».
Il ira loin en évoquant la véritable racine de la démocratie. Pour l’universitaire, « la démocratie moderne, loin d’être seulement représentative, met en pratique le principe de la séparation des pouvoirs. En raison de la séparation des pouvoirs, le parlement est devenu le cœur de la démocratie, où s’exprime la volonté du peuple souverain. Le parlement est le lieu de cohabitation du couple majorité-opposition… Il est largement admis que le parlement contribue à la pacification de la vie politique, d’où la nécessité d’avoir une représentation pluraliste. Un parlement pluraliste est, dit-on, une alternative à la guerre civile ». Dans un langage à peine voilé, il remet en cause la légitimité du parlement monocolore quelles que soient les circonstances.
Le Bloc républicain en course vers 2021 ?
Au vu des déclarations aussi limpides que celles-là, et venant toujours de la minorité parlementaire, il y a lieu de se poser des questions sur le genre de soutien que cette formation politique, mieux lotie au sein du gouvernement, apporte au chef de l’Etat. Il paraît, assez clair, que le parti dirigé par le ministre d’Etat, chargé du plan et de développement, Abdoulaye Bio Tchané, prépare d’ores et déjà la succession de Patrice Talon. Il faut des arguments solides, quand on a participé à la gestion de son prédécesseur, pour convaincre l’électorat en son temps. Il ne serait pas exagéré de penser que c’est dans cette logique qu’est le parti du cheval cabré. Quel que soit l’objectif final de ces déclarations visiblement lucides, « celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché », enseigne Jacques 4: 17.
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