L’Afrique n’a plus le monopole de l’exclusion de candidat à des élections

En  République Démocratique du Congo (RDC), Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga a été déclaré inéligible à l’élection présidentielle qui devrait se tenir en décembre prochain parce que condamné le mercredi 22 juin à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière. Jean-Pierre Bemba lui aussi condamné par le parquet de la CPI et qui avait requis cinq ans de prison contre lui dans une affaire annexe de subornation de témoins, a été interdit de ces mêmes élections présidentielles de décembre.

Ce scénario africain a visité le continent américain. L’Afrique n’a plus le monopole de l’ostracisation de la compétition électorale des candidats ayant un dossier polémique.

Les juges du Tribunal électoral brésilien ont invalidé ce vendredi 31 août, la candidature de l’ex-président Lula à la présidentielle d’octobre prochain dont il est pourtant déclaré favori. En effet, le dernier sondage de l’institut Datafolha au Brésil crédite Lula de 39% des intentions de vote au premier tour, 20 points de plus que le deuxième, le député d’extrême droite Jair Bolsonaro. Face à cette situation, le parti des Travailleurs (PT) de Lula est monté au créneau et annonce vouloir : « lutter par tous les moyens pour garantir sa candidature » à la présidentielle du 7 octobre.

Cependant, le rêve de Lula de retrouver le fauteuil présidentiel pour un troisième mandat le fuit peu à peu. Or, une recommandation récente du comité des droits de l’Homme de l’ONU appelait le Brésil à « respecter le droit de Lula à présenter sa candidature » jusqu’à ce que toutes les voies de recours que le droit lui accorde soient épuisées. Mais le Brésil a choisit de rester insensible à ce point de vue de cet organe de L’ONU.

D’ailleurs, selon RFI, «le vote du juge Edson Fachin, qui était le 2e à s’exprimer, avait relancé momentanément le suspense. Il s’est appuyé sur une recommandation récente du comité des droits de l’Homme de l’ONU pour préconiser de respecter le droit de Lula à présenter sa candidature le temps que tous les recours soient épuisés.» «Mais les espoirs de Lula ont pris fin en fin de soirée quand le résultat a été porté à 4-1 avant le vote des deux derniers magistrats, à l’issue de quelque six heures de débats.» a ajouté RFI.

Lula victime de la mauvaise foi des juges ?

Selon RFI, «la question de la validité de la candidature de Lula ne figurait pas initialement à l’ordre du jour de la session extraordinaire qui a commencé en début d’après-midi : elle a été ajoutée au dernier moment. Une décision férocement critiquée par le Parti des Travailleurs (PT) de Lula, pris au dépourvu.» Ainsi, le PT est remonté contre le tribunal supérieur électoral: « Le TSE commet une autre violence judiciaire contre Lula et le peuple qui veut l’élire président ». Mais, l’ex-juge du TSE Henrique Neves da Silva a expliqué que « quel que soit le jugement » rendu, « des recours sont encore possibles », notamment auprès de la Cour suprême.

Ainsi, en dernier recours, le parti de Lula compte déposer un recours devant la Cour suprême. Allant dans le même sens, la défense de Lula estime que Lula ne doit pas être soustrait de cette course à la présidentielle arguant que les recours contre sa condamnation n’ont pas encore été examinés par des instances judiciaires supérieures.

En attendant l’issu du recours à la cour suprême, le Parti des Travailleurs (PT) fait usage de l’image de Lula sur les spots des candidats locaux du parti en lice pour les élections des sénateur et de gouverneur prévu pour le 7 octobre. Au cas où l’ issu du recours devant la Cour suprême s’avérait infructueux, le PT sera amené à choisir un autre candidat pour remplacer Lula. Pour l’heure, c’est l’ex-maire de Sao Paulo Fernando Haddad, qui est pressenti pour se substituer à lui.